Numéro 2 Villes et Violence

Au supermarché

Extrait

NÉE LE 16 JUILLET 1960 à Surabaya, Sirikit Syah a grandi au sein d’une famille modeste et peu éduquée. Sa mère, originaire de Kediri, n’a pas terminé l’école primaire. Son père, originaire de Madiun, est décédé lorsqu’elle avait trois ans. Veuve à 29 ans avec 7 enfants, sa mère s’est remariée avec un homme qui avait déjà trois enfants, et ils en ont eu deux ensemble. Sirikit Syah a reçu son premier livre en tant que cadeau d’anniversaire de ses camarades de classe à l’âge de 17 ans. C’est seulement depuis ce moment qu’elle a commencé à acheter des livres. Son goût pour la lecture et l’écriture date pourtant de l’école primaire, et elle écrivait déjà à cette époque, dans des cahiers, des bandes dessinées, des poésies et des nouvelles que ses camarades lisaient à tour de rôle. Éduquée dans un milieu dépourvu de livres et plutôt défavorable à la lecture, son destin semblait scellé dès la fin du lycée avec deux alternatives : travailler ou se marier. Mais Sirikit Syah a pu obtenir une bourse et poursuivre ses études à la faculté d’anglais de l’IKIP de Surabaya jusqu’en 1984. Elle a immédiatement commencé à travailler comme journaliste pour le quotidien Surabaya Post et s’est mariée en 1986. De cette union naîtront deux enfants.

Ayant atteint le poste de rédactrice, elle quitte le Surabaya Post en 1990 pour rejoindre le domaine audiovisuel au sein de la chaîne SCTV/RCTI, où elle a exercé les fonctions de reporter, productrice et coordinatrice pour les programmes d’informations Seputar Indonesia, Buletin Siang et Nuansa Pagi. En 1994-1995, elle obtient une bourse du gouvernement américain qui lui permet de suivre le programme H. Humphrey Fellowship à l’Université de Syracuse (État de New York), composé de cours et d’ateliers pratiques dans le domaine du journalisme télévisé. Après un stage dans une chaîne locale de Washington, elle rentre en Indonésie.

Elle se lance dès 1996 dans une carrière indépendante tout en réintégrant la communauté des artistes de Surabaya. Elle reprend ses activités au sein du Bengkel Muda et devient directrice du département littérature du Dewan Kesenian Surabaya. En 1999, elle met sur pied et dirige l’association Lembaga Konsumen Pers qui observe le développement et l’activité de la presse. Elle devient membre en 2000 du Majelis Kode Etik Aliansi Jurnalistik Independen Jawa Timur (Conseil Éthique de l’Alliance des Journalistes Indépendants de Java-Est). Parallèlement à ces activités, elle est aussi professeur à l’université Dr. Soetomo, correspondante pour le quotidien Jakarta Post et consultante au Center for Television Research and Innovation (Centre pour la Recherche et l’Innovation Télévisuelles).

L’écriture, qui était d’abord un hobby pour elle, s’est révélé un besoin à l’âge adulte car elle y trouve la liberté de s’exprimer et de se ressourcer. Elle s’inspire de son environnement direct et de son expérience personnelle, laissant une plus grande place à la réflexion et à la dénonciation de l’injustice qu’à l’imagination. Ses nouvelles, essentiellement centrées sur des personnages féminins évoluant en milieu urbain et poursuivant une carrière, témoignent de sa volonté d’exprimer une réalité trop souvent méconnue par l’ensemble de la société. Ces femmes que l’on croit ambitieuses et farouchement indépendantes sont en fait en quête de respect, de réalisation de soi et hanté par le spectre de l’échec dans le domaine conjugal, qui reste la priorité d’une femme aux yeux de la société.

Sirikit Syah est aujourd’hui enseignante dans les domaines de la littérature, de la communication et des médias, dans plusieurs établissements d’enseignement supérieurs de Surabaya (Sekolah Tinggi Ilmu Komunikasi Surabaya, Universitas Negeri Surabaya et Universitas Airlangga). Elle gère également une école dédiée à la littérature indonésienne (Sirikit School of Writing), et est à la tête de l’ONG Media Watch. Titulaire d’un Master de communication de l’université de Westminster, obtenu en 2002, Sirikit Syah poursuit actuellement ses études de langue et littérature anglaises en troisième cycle avec pour thème la langue des médias.

Ses publications incluent le recueil de nouvelles Harga Perempuan (La valeur des femmes, 1997), dont est issue la nouvelle présentée dans ce deuxième numéro de Jentayu, plusieurs traductions dont celle de la biographie de Mahomet de Karen Armstrong (2001) et deux ouvrages de David T. Hill sur les médias en Indonésie, un recueil de poésie intitulé Memotret dengan kata-kata (Faire un portrait avec des mots, 2005) et un deuxième recueil de nouvelles, Sensasi Selebriti (2007). Elle a également signé des ouvrages sur les médias et ses œuvres figurent dans des anthologies de nouvelles (« Ndoro, saya mau bicara », Ndoro, je voudrais parler, 2011) et de poésies (« Gugat », Revendication, 2012).

LAURA LAMPACH a traduit la nouvelle Au supermarché, de SIRIKIT SYAH, à découvrir dans les pages du numéro 2 de Jentayu.

Illustration © Likhain.