Numéro 1 Jeunesse et Identité(s)
L’envol de Jentayu
Édito
AVEC CE PREMIER NUMÉRO de la revue Jentayu, c’est une nouvelle fenêtre sur l’Asie littéraire qui s’entrouvre…
Quinze auteurs d’une dizaine de pays différents, treize traducteurs, un photographe et un artiste illustrateur vous invitent à un voyage dans des contrées où les lecteurs francophones n’ont encore que trop rarement l’occasion de se laisser porter. Thème de ce premier numéro : Jeunesse et Identité(s), car l’Asie est un continent jeune – rassemblant près de 60 % des 15-24 ans du monde entier – et aux identités multiples, morcelées, certes voisines mais bien distinctes – des distinctions que l’occidentalisation (ou, par endroits, la sinisation) des mœurs tend à estomper. Quinze auteurs, un photographe et un artiste illustrateur qui tous nous donnent un aperçu de la réalité vécue par ces jeunes générations d’Asie, de leurs rêves et aspirations, de leurs déceptions et déconvenues aussi, qu’elles habitent dans leur pays natal ou loin de chez elles. D’autres voyages en ces contrées d’Asie suivront pour nos lecteurs, d’autres thèmes aussi…
La revue Jentayu se présente sous la forme de deux supports complémentaires : le format papier, pour les textes littéraires en traduction, leurs illustrations et le carnet photographique ; le site internet, pour des entretiens, des notes de lectures, des extraits et, à terme, d’autres modes de mise en valeur des textes traduits (audio, vidéo…). Les lecteurs sont invités à naviguer d’un support à l’autre, tout comme ils sont invités, dans ce premier numéro, à déambuler entre la Mongolie, la Thaïlande, la Malaisie, Singapour, le Tibet, Taïwan, l’Indonésie, le Vietnam, le Cambodge et Timor-Leste… Certains auteurs seront déjà connus des amateurs de littérature asiatique, à l’image de Wu Ming-yi et Luís Cardoso, d’autres ont déjà une longue carrière d’écrivain derrière eux, comme Sridaoruang ou G. Mend-Ooyo. Certains sont des plumes aguerries mais reconnues avant tout dans leur pays, comme Azhari ou Phan Viêt, d’autres se lancent tout juste en écriture, avec talent et mordant, à l’image de Shivani Sivagurunathan et Khennam Langthao. Tous ont la particularité d’avoir été peu ou pas du tout traduits en français, et la revue Jentayu entend devenir un espace privilégié pour la découverte de ces nouvelles voix d’Asie.
À celles et ceux qui se demanderaient : « pourquoi Jentayu ? », voici quelques pistes… Jentayu, aussi connu sous le nom de Jatāyu, est en fait le nom d’un oiseau mythique issu de la célèbre épopée hindoue du Rāmāyaṇa. Jeune, Jentayu fut intrépide au point de voler dangereusement près du Soleil, un peu comme l’Icare de la mythologie grecque, mais son frère Sampāti l’en détourna finalement de justesse. Dans sa vieillesse, il partit affronter le démon Rāvaṇa, roi de Lankā et ennemi juré du héros Rāma, dont il avait fait prisonnière la belle épouse Sītā. Au terme d’un vaillant combat, Jentayu perdit finalement la vie mais Rāma lui accorda le mokṣa, c’est-à-dire la libération finale de son âme du cycle des renaissances, le saṃsāra. Peu de récits auront autant voyagé à travers l’Asie que le Rāmāyaṇa, et les oiseaux mythiques sont communs à beaucoup de ces cultures, du Simurgh de Perse au fenghuang chinois, sans oublier le Garuḍa des mythologies hindouiste et bouddhiste…
Voilà donc pour la petite histoire. Le temps est maintenant venu pour la revue de prendre son envol : prenez place sur les ailes de Jentayu ! Ensemble, franchissons la fenêtre entrouverte pour nous rapprocher du Soleil – mais sans nous brûler les ailes – et bravons les démons de l’uniformité et des préjugés pour éprouver la beauté des histoires de ce si divers continent asiatique !
Les éditions Jentayu tiennent à remercier toutes les personnes ayant accepté de faire partie de l’aventure de cette revue, et tout particulièrement les traducteurs qui ont généreusement donné de leur temps pour permettre à ce premier numéro de devenir réalité, par ordre alphabétique : Marcel Barang, Jérôme Bouchaud, Brigitte Bresson, Elsa Clavé, Gilles Delouche, Danh Thành Do-Hurinville, Catherine Dumas, Gwennaël Gaffric, Khishig-Erdene Gonchig, Catherine Guy, Pascal Médeville, Thi Thuy An Nguyen et Françoise Robin.
ERRATUM :
Deux solutions de continuité se sont glissées dans la version papier de la première nouvelle “Le magicien sur la passerelle”, de Wu Ming-yi (Taïwan) :
– PP12-13 – manque une ligne : « j’ai réalisé le tour des dés mystérieux devant mon frère, j’étais si stres- »
– PP21-22 – manque la fin du paragraphe : « fasciné par la vue qu’on y avait ! »
Nous nous excusons pour ces défauts de mise en page et vous prions de croire que tout sera fait dans les prochains numéros pour éviter ce genre d’erreurs. En compensation, nous tenons à la disposition de tous ceux qui ont acheté la revue un exemplaire au format .pdf gratuit. N’hésitez pas à nous le demander et nous vous l’enverrons par email. Merci de votre compréhension et de votre soutien.