Hors-séries D'un pays l'autre
Introduction
Taïwan
ALORS QUE L’IDÉE DE LITTÉRATURES nationales organise encore largement notre perception de la littérature et les classements des librairies, un constat s’impose : les textes publiés à Taïwan manquent dans l’ensemble de visibilité à l’étranger. Les pays francophones ne font guère exception, même si plusieurs salves de traductions ont marqué les 30 dernières années, et que des initiatives récentes laissent augurer de belles découvertes.
Si les lettres taïwanaises se font discrètes, ce n’est pas seulement à cause d’un manque de curiosité des éditeurs ou des lecteurs francophones. La vérité est que parler de littérature taïwanaise a longtemps été incongru. Non pas que Taïwan manque d’auteurs, mais son histoire complexe a largement empêché le développement d’un espace littéraire national et d’un canon facilement identifiable.
Au début du XIXe siècle, quand des fonctionnaires envoyés par l’empire Qing et quelques lettrés nés dans l’île commencent à écrire de la poésie chinoise classique, seuls le nord et l’ouest de Formose sont plus ou moins administrés par la dynastie mandchoue. Les montagnes centrales et la côte orientale restent le territoire inexpugnable des peuples autochtones, présents sur l’île depuis des millénaires et dont les cultures austronésiennes se transmettent oralement.
Dans les années 1930, Taïwan est une colonie nippone depuis une trentaine d’années déjà. Le Japon contrôle l’ensemble de l’île, le japonais est enseigné dans les écoles et c’est dans cette langue qu’écrivent de nombreux auteurs locaux. La promotion d’une littérature en chinois moderne ou en taïwanais (langue minnan) participe de la naissance d’un sentiment national taïwanais mais se heurte aux foudres du colonisateur.
En 1945, Taïwan passe sous le contrôle de la république de Chine, dont l’appareil administratif et militaire, vaincu sur le continent par les communistes, se réfugie dans l’île en 1949. La loi martiale est instaurée. Le mandarin devient langue nationale, ce qui marginalise une génération entière d’écrivains locaux d’expression japonaise. Ce sont les auteurs chinois venus du continent qui dominent pendant plusieurs décennies la scène littéraire, considérée comme étant celle de la Chine tout entière. D’abord engoncée dans les accents patriotiques de la Chine nationaliste, cette littérature conquiert bientôt une plus grande autonomie. Elle est marquée par l’émergence d’un courant moderniste qui l’ouvre aux influences occidentales, bouscule la langue chinoise et l’expression poétique, y compris par des développements des plus formels. De littérature taïwanaise, il n’est toutefois pas question. Tout au plus évoque-t-on, à propos d’auteurs du cru, une forme provinciale de la littérature chinoise – un point de vue qui n’a pas complètement disparu aujourd’hui.
Dans les années 60 et 70, de jeunes auteurs nés à Taïwan, forts de leur maîtrise du mandarin, rivalisent avec les « Continentaux », et placent la question du « terroir » au centre des débats littéraires. À partir des années 80, à la faveur du tournant politique qui aboutit à la levée de la loi martiale en 1987, l’identité taïwanaise s’affirme, l’héritage de groupes linguistiques minoritaires comme les Hakkas est revendiqué, des auteurs de la période japonaise sont redécouverts, les récits aborigènes trouvent peu à peu voix au chapitre, des thèmes jusqu’alors interdits sont abordés avec une grande liberté, et des sujets spécifiques à l’île sont mis en avant.
Ces dernières années, les liens économiques et culturels avec la Chine se sont renforcés, et la question de la relation avec « le Continent » continue à diviser les habitants de Taïwan. Toutefois, dans le même temps, le processus de construction nationale s’est accéléré avec l’avènement d’une démocratie vibrante.
Pouvait-on parler de littérature taïwanaise avant que les Taïwanais eux-mêmes se considèrent comme tels ? La population taïwanaise, aux identités multiples, partage désormais un destin commun, dont elle décide démocratiquement. D’une certaine manière, Taïwan est devenu une évidence. Dans le même temps, sa diversité s’est accentuée avec une immigration économique et matrimoniale en provenance de Chine populaire et d’Asie du Sud-Est.
Pour l’historien Benedict Anderson, la littérature contribue à cette « communauté imaginée » qu’est la nation moderne. Dans le cas taïwanais, l’inverse semble tout aussi vrai. La construction d’une « nation taïwanaise » est certes inachevée, contestée par ceux des Taïwanais qui restent attachés à l’idée d’une Chine unique, et systématiquement combattue par la Chine populaire. Toutefois, cette perspective, renforcée par la longue séparation politique entre les deux rives du détroit de Taïwan, a produit des effets sur la société et sur la culture – y compris la littérature. La société taïwanaise diffère aujourd’hui radicalement de la société chinoise, et lire les textes d’auteurs taïwanais permet d’accéder à un univers et à des imaginaires sans pareils.
Les textes sélectionnés pour ce numéro spécial sont pour l’essentiel postérieurs à la levée de la loi martiale (1987). Ils sont donc contemporains de l’« évidence taïwanaise » évoquée plus haut. Chacun des dix-neuf auteurs présents possède un timbre distinct et c’est tout l’intérêt de ce recueil que d’exposer la diversité des « nouvelles voix » de la littérature taïwanaise, pour beaucoup inouïes en français. Pour autant, le lecteur trouvera dans ce concert de mots des ressemblances, des consonances, des harmonies qui méritent d’être soulignées.
Pour nombre de ces écrits en effet, Taïwan est un point de départ. L’écriture s’ancre dans l’espace et la société où vivent les hommes, où sont accrochées ou ensevelies leurs mémoires, et où se nourrissent leurs imaginaires. Taïwan, sa géographie, son climat, sa végétation, sa faune, ses villages et ses métropoles, constituent, par-delà la diversité des auteurs, des styles, des approches et des thèmes abordés, une matrice commune, un horizon évident.
L’écriture se fait topographie. Elle dresse la carte de ce morceau du monde qu’est Taïwan. Les pages qui suivent foisonnent ainsi de montagnes, de forêts avec leurs essences (bambous, camphriers, ixora…), de plantes luxuriantes aux noms souvent inconnus de ceux vivant sous d’autres latitudes (oreilles d’éléphant aux énormes feuilles, érianthes aux fleurs velues, lotus…), de cultures locales (patates douces, courges, piments…), et d’espèces animales endémiques (sangliers, ours, sambars, aigles, grenouilles…) qui forment bien plus qu’un décor. Les auteurs puisent dans leur force évocatrice et symbolique, y associant parfois les mythes et les totems des peuples autochtones, comme dans « Ours noir ou queue de porcelet» de l’auteur atayal Walis Nokan, qui ouvre ce recueil.
Dans ces paysages faits de mots, on saisit les indices du temps et les réminiscences de l’histoire. Avec le poème « Sakura, Sakor », Yang Mu évoque ainsi une révolte aborigène réprimée en 1878 près de Hualien par les forces impériales Qing. Poète des cicatrices, il va bien au-delà d’une évocation historique et installe une atmosphère évoquant la cosmogonie aborigène, contribuant par ce changement de perspective à l’élaboration d’une « mémoire collective » ouvertement taïwanaise.
C’est souvent un drame intime qui provoque un retour, physique ou figuré, vers le lieu des origines, et fait resurgir le passé et les morceaux épars d’une mémoire à la fois personnelle et collective. À l’occasion d’une grossesse et d’un deuil, l’héroïne de « Zeelandia », nouvelle signée Lai Hsiang-yin, revient dans son Tainan natal, inscrivant ses pas dans l’his- toire de l’ancienne forteresse d’Anping et s’identifiant à nouveau à une terre qu’elle avait délaissée.
Les récits biographiques et généalogiques participent de cette ex- ploration. Leurs optiques sont diverses. Dans « Ours noir ou queue de porcelet », Walis Nokan fait l’éloge posthume de son grand-père, que la vie a constamment ramené vers son village tribal, au milieu des mon- tagnes et des forêts. Ce faisant, il le couvre de gloire et le fait accéder à la légende. Avec « Rencontre à Yurakucho », Chen Fang-ming évoque le passé de son père pendant la colonisation nippone et l’immédiat après- guerre. Le texte a des accents mélancoliques, avec notamment l’évocation d’une vieille chanson japonaise, mais il montre surtout l’impossibilité de surmonter l’écart entre des générations ayant vécu dans des circonstances si différentes. En composant « La vie de Maman dans le village de garnison », Liglav A-wu écarte quant à elle toute nostalgie et mène une quête lucide sur son enfance dans un village militaire, là où son père venu du continent s’était installé et avait épousé une Aborigène. L’auteur évoque le racisme dont sa mère, sa sœur et elle-même étaient victimes, et les menaces nouvelles qui pèsent sur le village de sa mère, où celle-ci est retournée vivre à la mort de son époux.
La nostalgie, en particulier celle éprouvée vis-à-vis de la Chine, a fortement marqué la production littéraire à Taïwan à partir des années 60, principalement sous la plume d’écrivains venus du continent. Au- jourd’hui, d’autres regards scrutent à leur tour ces épisodes et la mé- moire qui en a été conservée, ancrant cet héritage dans la modernité de la société taïwanaise. Dans « Communication sans frontières » de Chen Yu-chin, la disparition brutale d’un père, ancien combattant de l’armée du Kuomintang arrivé du continent en 1949, provoque l’exploration d’un territoire nouveau, le cyber-espace, où la mémoire des disparus, menacée de toutes parts, peut être maintenue en vie.
L’écriture enregistre aussi les déambulations des hommes sur l’île de Taïwan, les petites îles qui la jouxtent, mais aussi au loin, là où les portent les vicissitudes de l’histoire. On suit les pérégrinations de Yukan Bihau, l’Aborigène atayal dont Walis Nokan dresse le portrait, entre son village des montagnes centrales de Taïwan, le Pacifique sud où il sert sous le drapeau impérial nippon, ou encore l’archipel de Kinmen où il est posté par l’armée nationaliste chinoise pour contrer les attaques des communistes. Dans la nouvelle de Yang Fu-min, « Bibi », on suit à la trace le voyage à vélo entrepris par une grand-mère vers sa contrée natale aborigène, alors que son volage de mari, à l’article de la mort, avait, lui, fait partie « de la première génération qui voyageait à travers l’île ». Et ce sont les arrivées et les départs des propriétaires successifs du chien noir Ahmo, de Taoyuan au nord-ouest à Taitung au sud-est, qui rythment « Consonne » de Lo Yi-chin.
Parfois, le relevé topographique ne porte que sur un micro-territoire, à l’image de la route longeant la côte nord de Taïwan, près de laquelle vivent les personnages de Tong Wei-ger dans « Les accidents de la route ». Un microcosme traversé par des flux incessants et soumis au fil des ans à des bouleversements tels que les seuls « repères » et « jalons » qui vaillent sont la mémoire d’un lieu reclus où attendait l’être aimé, et une promesse arrachée en présence du Dieu du sol. Dans un style narratif différent, c’est à travers une opposition saisissante entre régions montagneuses du centre de l’île et beaux quartiers de la ville de Taichung que Wang Ting-kuo évoque, dans « La faille », tout à la fois les répercussions d’une catastrophe naturelle et les brisures intimes d’un jardinier chargé de l’entretien de tombes – un récit qui parvient à saisir des émotions complexes.
Cet espace parcouru, devenu commun ou au contraire étrange, est le support d’un imaginaire métissé avec pour motifs les jardins, les ci- metières, les âmes des morts, les fantômes, les dieux et les esprits… Il témoigne aussi de l’évolution récente de sa population et de son identité. De ce point de vue, « Bibi » tient de l’allégorie. La grand-mère d’origine aborigène habite la campagne entourant Tainan, un territoire vieillissant du sud de l’île où elle élève seul son petit-fils, dont les parents sont partis travailler en Chine. La diversité des origines des « nouveaux Taïwanais » qu’elle croise sur son chemin n’a d’égal que la variété des maîtresses conquises par son mari, Taïwanais « de souche ». La dernière d’entre elles, une Chinoise, est au fond la seule à être rejetée d’emblée par la vieille femme.
Les nouvelles « Consonne » et « Les accidents de la route », on l’a vu, s’attardent toutes deux sur des territoires informes, en marge des métropoles, et évoquent des gens de peu confrontés aux fluctuations de la vie. À leur manière, elles perpétuent une tradition amorcée par la « littérature de terroir » des années 70. Elles évoquent aussi le travail photographique d’un Shen Chao-liang dans l’arrière-pays taïwanais. Dans « Vénus » de Chen Xue, les références spatiales et temporelles sont réduites au maximum – la chambre climatisée d’un appartement familial taïwanais, une nuit d’été. Dans cette alcôve, ce sont les corps qui, se découvrant, guident le lecteur vers l’appréhension des transformations à l’œuvre dans une autre dimension identitaire, celle du genre cette fois.
La recréation d’une géographie et d’une histoire multiples, l’évocation des méandres identitaires des Taïwanais, et les récits personnels et familiaux faisant resurgir les mémoires enfouies sont quelques-unes des lignes de force du tableau littéraire proposé dans ce numéro. Cela n’exclut pas d’autres démarches, notamment celles mettant l’accent sur le désarroi de l’individu pris dans les trames d’un monde bouleversé.
Le poème « La mort dans une cellule de pierre » en est un magnifique exemple. Il s’agit du plus ancien des textes ici traduits. Son auteur, Lo Fu, est né dans la province du Hunan, en Chine, en 1928, et est arrivé à Taïwan en 1949 après avoir été recruté dans l’armée nationaliste. Écrit sous les bombardements communistes de Kinmen en 1958 et publié en 1965, le poème frappe par son style surréel et par la force des images qu’emploie son auteur. Laissant le lecteur pénétrer « par une porte entrouverte», selon les mots de l’auteur, ce texte écrit face à la mort se détache de la littérature patriotique chinoise en cours à l’époque, et érige la poésie en mode de résistance à un destin cruel.
C’est aussi par la poésie que Wuhe entrevoit un moyen d’exprimer la barbarie, celle de l’homme détruisant la nature. Angoissant, son « Chant déchirant du déchireur » égrène de manière entêtante la litanie mortifère des humains, dont seul le poète perçoit l’origine absurde.
De manière moins radicale sans doute, plusieurs auteurs traduits ici interrogent des impasses, des abandons et un sentiment d’ennui dont on peut se demander s’ils ne sont pas liés au caractère insulaire de Taïwan, ou plutôt à l’impossibilité d’un imaginaire maritime sur cette terre pourtant entourée d’eau. Dans « Consonne » de Lo Yi-chin, c’est près d’un cabanon, à quelques encablures de l’océan, que le narrateur laisse ses pensées vagabonder, soulignant un sentiment d’aliénation et d’abandon. Dans « Continuer à parler de lassitude », Hsia Yu s’empare, elle, de l’image de l’ambre gris ramassé sur le rivage pour évoquer la lassitude qui « est là » et fascine par son « atonie ». « Un vecteur mal orienté et une étoile échouée », le vers ouvrant le poème « Étoile de mer » de Chen Yu-hong, donne lui aussi le ton : celui de l’incompréhension et de la perte de sens. Le rivage est le « lieu » de cette rencontre impossible. On y ramasse des objets (bois flotté, étoiles de mer…) mais on s’en détourne. On entend la mer, mais on ne la voit pas.
À force d’ancrage à « l’île-mère » – on pense ici à la vision compulsive du peintre Yeh Tzu-chi avec sa série fascinante de toiles représentant des massifs forestiers taïwanais –, la littérature locale souffrirait-elle d’enfermement ? C’est tout l’inverse, semble-t-il. En tournant ces pages, le lecteur sera frappé par la diversité des références culturelles, des cadres de pensée, des champs lexicaux.
Pour « À la rencontre du chagrin », Lo Chih-cheng puise dans l’hé- ritage littéraire chinois, s’inspirant du premier poème lyrique connu. Il procède à la recréation d’une quête mythique, celle d’un prince amoureux, en donnant libre cours à une méditation avec les esprits et la nature. Il revient ainsi à l’essence chamanique du poème, jusqu’au poignant dénouement.
Ailleurs foisonnent les références aux mangas japonais, aux signes du zodiaque occidental, aux marques ou aux cultures populaires américaines… Empruntant à tour de bras, les textes révèlent un goût prononcé pour l’expérimentation. Dans « Virtual Taiwan », Ping Lu cherche ainsi à rendre compte du destin incertain de Taïwan grâce à un texte multidirectionnel, auquel son ironie et son ton subjectif donnent l’apparence d’un hypertexte. De Wuhe à Yang Fumin, l’art du jeu de mot est largement pratiqué (défi de taille pour les traducteurs ayant œuvré à ce numéro).
De ces écrits se dégage enfin une « polyphonie retrouvée », pour re- prendre l’expression de l’universitaire et traductrice Sandrine Marchand. Le mandarin est la langue centrale de l’écriture mais autour virevoltent les noms, les mots, les phrases en taïwanais, en langues austronésiennes, en anglais, en japonais, et peut-être bientôt en vietnamien ou en indonésien… Les places relatives du taïwanais et du mandarin sont d’ailleurs au cœur de l’intrigue des « Cassettes du professeur K’ang », de Chu Yu-hsun, texte d’une remarquable subtilité.
Les trajectoires personnelles des auteurs, pour certains passés par Taïwan ou ayant grandi dans l’île avant de s’expatrier en Amérique du Nord, en Europe ou au Japon, pour d’autres formés à l’étranger, pour d’autres encore versés dans la traduction d’œuvres étrangères en mandarin, comptent également pour beaucoup dans la circulation des idées, des influences et des références. Elles constituent les points d’arrimage des lettres taïwanaises à une littérature aujourd’hui largement mondialisée. Hsia Yu ou Chen Li incarnent parfaitement cette création translinguistique. Dans « Études du soir : deux poèmes », Chen Li, qui a lui-même traduit de nombreux poètes étrangers, définit ainsi la poésie comme traduction, jouant des sens et des sons, pratiquant le pastiche et l’intertextualité, tout en exposant l’imperfection inhérente à ces exercices.
Les ruptures dramatiques dans l’histoire de Taïwan ont produit une constellation unique d’influences diverses. L’écriture y est aujourd’hui ancrée dans la réalité locale, s’inscrit dans un horizon national ayant gagné en évidence, et déroule les fils d’une mémoire et d’une identité aux accents multiples. Dans le même temps, la littérature taïwanaise est largement ouverte sur le monde, puisant à toutes les sources. Taïwanaise parce que diverse, cette littérature a été comparée par certains chercheurs à un « archipel ». C’est vers cet archipel que vous emmène ce numéro spécial de la revue Jentayu. Bon voyage !
PIERRE-YVES BAUBRY est l’auteur de l’introduction du hors-série « Taïwan » de Jentayu.