Numéro 2 Villes et Violence
Pas de mort à Soi Cowboy
Note de lecture
LA NOUVELLE INÉDITE de Charoonporn Parapakpralai que nous vous proposons, évoque, dans la réalité thaïlandaise d’aujourd’hui, le destin des filles venues des campagnes les plus déshéritées du nord et du nord-est. Elles ont quitté leur village natal pour venir vivre à Bangkok. L’une d’entre elles, Dao, pour survivre et dans l’espoir de lendemains qui chantent, travaille comme danseuse à seins nus dans un quartier de Bangkok – nommé Soi Cowboy – devenu le nouveau haut-lieu des gogos-bars et des bars à filles.
C’est aussi le constat depuis une dizaine d’années, d’un pays qui n’arrive plus à sortir de la crise sociale et politique, parfois violente, dans laquelle elle s’est enlisée, crise qui accentue les inégalités et qui ternit l’image de cette nation de 67 millions d’habitants, longtemps considérée comme la vitrine du « miracle » économique de l’Asie du Sud Est. En 2014, au cours de sept mois de crise, une trentaine de personnes ont été tuées au cours des manifestations.
Communication de Charoonporn Parapakpralai du 17 mai 2015 au sujet de la littérature thaïe contemporaine :
« Les écrits des auteurs thaïs de ce 21e siècle sont tantôt trop simples, tantôt trop difficiles ou trop personnels. Certains s’amusent à communiquer par le biais des médias sociaux, plus que de créer des œuvres sérieuses. D’autres écrivent des romans avec comme ultime but que des réalisateurs achètent les droits pour les adapter pour une série télévisée. Il y a aussi ceux qui orientent leurs créations à seule fin de remporter des prix littéraires, assez nombreux, organisés dans le privé ou par le royaume. Deux choix s’imposent aux auteurs, soit créer pour le grand public, soit créer pour le lectorat sérieux. Ils essaient de concevoir des œuvres par une technique narrative axée sur la forme plus que sur le contenu. Les écrivains thaïs sont de vrais narrateurs, ils possèdent des qualités stylistiques et sont perfectionnistes. La production littéraire est étonnante et d’un niveau supérieur à celui de bien d’autres pays. L’écriture en est très moderne, avec souvent comme conséquence, un contenu littéraire peu profond et ne suscitant pas une réelle émotion de la part du lecteur. Il y manque un thème fort, capable de toucher le cœur des lecteurs. Car les bons travaux littéraires doivent provoquer chez le lecteur un tel choc qu’une fois la lecture achevée, il soit incapable d’agir, comme figé et que sa pensée soit totalement envahie par le récit bouleversant qu’il vient de lire. »
KOSON THANADSAMRAN a traduit du thaï Pas de mort à Soi Cowboy, une nouvelle de CHAROONPORN PARAPAKPRALAI à découvrir dans les pages du numéro 2 de Jentayu.
Illustration © Likhain.