Numéro 2 Villes et Violence
Un ring à Dacca
Note de lecture
C’est l’histoire d’un groupe de jeunes Bangladais rêvant de réussir dans le milieu de la boxe. La plupart d’entre eux ont quitté l’école et mènent une vie instable et incertaine. La boxe est tout pour eux.
À Dacca, et dans tout le Bangladesh, il n’y a que quelques gymnases. Le Mohammad Ali National Boxing Stadium est l’un des plus grands. C’est là que ces garçons s’entraînent tous les jours, travaillant dur pour réaliser leur rêve. Certains d’entre eux − une minorité − sont soutenus par leur famille. Zakir et Al-Amin n’ont pas cette chance. En 2011, Zakir avait pourtant reçu une bourse d’études du centre sportif BKSP mais son père l’avait refusée en raison des difficultés financières rencontrées par la famille.
Aujourd’hui, Zakir est l’un des meilleurs boxeurs de sa catégorie au Bangladesh. Il a remporté la médaille d’or lors d’un récent tournoi organisé par le BKSP.
Dans cet essai photographique en noir et blanc, Suvra Kanti Das parvient à saisir des instantanés de vie, des moments d’intense souffrance mais aussi de bonheur simple, d’acharnement et de relâchement, de gestes maintes fois répétés sur le ring, entre sparring partners ou en famille. Les visages de ces jeunes adolescents se font parfois méconnaissables, disparaissant dans un effort violent ou dans une moue savamment étudiée. Les ombres dansent, fugitives, et laissent paraître des carrures bien plus grandes qu’elles ne le sont en réalité.
C’est qu’il faut se fondre dans le moule, se plier à la stricte discipline des lieux si l’on veut s’en sortir. Avoir l’espoir de devenir, un jour peut-être, un champion. Or, pour se dépasser, sur le ring comme dans la vie, il faut être au moins deux. Le dépassement de soi, c’est aussi aller vers l’autre, lui tendre une main ouverte plutôt qu’un poing serré, et c’est dans l’amitié, l’entraide et le partage, plus que dans les gants de boxe, que la plupart de ces jeunes sportifs trouveront leur salut.
SUVRA KANTI DAS est l’auteur de Un ring à Dacca, un essai photographique à découvrir dans les pages du numéro 2 de Jentayu.
Photo © Suvra Kanti Das.