Numéro 4 Cartes et Territoires
Quelque part dans la péninsule malaise
Extrait
1
Une rivière
Une montagne
Les étoiles
La nuit
Je regarde
La rivière
La montagne
Les étoiles
Qui lentement s’effacent dans le noir
Je ne vois même plus
Ma main
Et puis tout est ténèbres
Et puis tout est ténèbres
2
Quelque part dans la péninsule malaise
Une rivière
Une montagne
Les étoiles
Je sens le sang couler sans cesse
Un bras commence à s’engourdir
La douleur gagne le corps tout entier
Le pouls à présent ralentit
Comme contraint par la poigne du sort
Entre montagne et rivière
Entre mort et vie
Avec des pleurs et des rires tout du long
3
Quelque part dans la péninsule malaise
Une rivière
Une montagne
Les étoiles
Dans un silence total
J’entends la paix sangloter
Et pousser des cris qui retentissent
Le long de bien des routes
Autour du beffroi de la ville
Sur les tables du dîner
Dans les estaminets
Les mosquées et les monastères
Et pourtant… personne n’entend
C’est vrai, personne n’entend
Personne n’entend
Je vois le visage défait
Et les yeux cernés de la paix
Débordant de larmes de tristesse
Qui coulent et rejoignent la rivière
4
Quelque part dans la péninsule malaise
Une rivière
Une montagne
Les étoiles
J’essaie
Mais le sang ne cesse de couler
L’ autre bras commence à s’ ankyloser
La douleur broie le cœur
Tandis que des écorchures
Sont comme des jets d’eau rouge
Entaillées par un million de kriss
(…)
ZAKARIYA AMATAYA est l’auteur de Quelque part dans la péninsule malaise, un poème traduit du thaï par MARCEL BARANG à découvrir en intégralité dans les pages du numéro 4 de Jentayu.