Édito Exil
Plus lointain mon pays…
Numéro 9
Sur un proverbe philippin – pantoun lié
Plus grand est le bambou
Plus bas il s’incline.
Plus lointain mon pays,
Plus profondes mes racines.
Si bas ils s’inclinent,
Ceux qu’on exile de force.
Plus profondes mes racines,
Plus épaisse aussi, mon écorce.
Ceux qu’on exile de force
S’accrochent à leurs souvenirs.
Si épaisse mon écorce
Qu’à grand peine je respire.
S’accrocher aux souvenirs
Pour mieux garder espoir.
À grand peine je respire
Quand le ciel vire au noir.
Pour mieux garder espoir,
Il faut chérir les mots.
Quand le ciel vire au noir,
Je caresse mon stylo.
L’espoir est dans les mots,
La flamme dans la langue.
La caresse d’un stylo
Rend mon cœur moins exsangue.
La flamme est dans la langue
Pour tous les exilés.
Mon cœur est moins exsangue
Une fois épanché.
À tous les exilés,
La langue donne ses saveurs.
À cœur épanché,
Estomac demande douceur.
La langue de ses saveurs
Nourrit l’esprit, le régénère.
L’estomac nourri du cœur,
La grisaille enfin s’éclaire.
Nourritures de l’esprit tel l’air –
Sans elles nul ne peut vivre.
La grisaille enfin s’éclaire –
Sous les feuilles, la voie à suivre.
Sans air nul ne peut vivre,
Même le bambou des Philippines.
Sous les feuilles, la voie à suivre –
Nouvel espoir qui se dessine.
Si grand le bambou des Philippines,
Tant et si bas il s’incline…
Nouvel espoir qui se dessine –
Un exil qui m’enracine.
Les éditions Jentayu tiennent à remercier toutes les personnes ayant accepté de faire partie de l’aventure de cette revue, et tout particulièrement les traducteurs et relecteurs qui ont généreusement donné de leur temps pour permettre à ce neuvième numéro de voir le jour, par ordre alphabétique : Vasumathi Badrinathan, Marcel Barang, Brigitte Bresson, Sylvain Cavaillès, Tan-Ying Chou, Nazir Djouyandov, Brigitte Duzan, Gwennaël Gaffric, Patricia Houéfa Grange, Christophe Macquet, Pierre-Mong Lim, Étienne Naveau, Filip Noubel , Emmanuelle Péchenart et Benoit Sudreau.
Photo : © Jacques Bouby.