La crise En ces temps incertains

Deux poèmes

N° Covid-19

UNE ÉTRANGE FRACTURE…
Ou plutôt, un broyage.
Peut-être fera-t-on de nous une nouvelle farine
pour un nouveau pain ?
Nous sommes fissurés depuis longtemps,
Et nous échouons, une fois de plus…
Par une ligne inachevée, le monde
nous prive à nouveau de peau.
Peut-être que le monde n’existe plus ?
Il reste juste une faible lumière
Vers laquelle nous volons à nouveau
Souffrant de ne pas comprendre
Un regard long et étrange…
Et tout maintenant est un peu “suspendu”
Et tout maintenant ressemble un peu à la fumée
Des flammes mourantes du savoir.

***

SUR LA FACE OBSCURE du printemps
Nous vivons, perdant la notion du temps
Dans un flot illusoire
Sur fond de guerre illusoire.
Qui a écrit cette pièce ?
Nous en avons tous assez de la regarder
Sur la face obscure de la tristesse
Nous sommes à bout de force
L’air est à nouveau cousu de pluie,
L’espoir taquine à nouveau le temps
Nous sommes restés coincés quelque part entre
Le réel online et le sommeil
La vie serait-elle un léger clic ?
Un déclic sans ressort menant droit à la folie.
L’écran s’est éteint, mais au loin déjà
Se manifeste la lumière de la fin du spectacle…
Se réveiller ou se rendormir
Sur la face obscure de la liberté,
Où nos années nous transformeront
Un jour en point d’assemblage.

Mai 2020.

BAKH AKHMEDOV est l’auteur de deux poèmes traduits du russe (Ouzbékistan) par FILIP NOUBEL. Première publication sur le profil Facebook de l’auteur.

Illustration © Namrata Gosavi.