(Dés)espoirs En ces temps incertains
Textes d’écoliers chinois
N° Covid-19
La vie en 2020 au temps du coronavirus
FÊTE DU PRINTEMPS 2020. Pour tout le monde l’atmosphère est plutôt lourde ; l’attente impatiente des vacances d’hiver est devenue comme un démon hivernal, un démon imperceptible qui menace la vie de chacun.
Depuis décembre 2019, le nouveau coronavirus est comme une lourde pierre pesant sur le cœur de chacun. L’accident provient du marché Haixian de Chine du sud à Wuhan, mais on peut même dire qu’il a été causé par tous les amateurs de gibier sauvage de ce marché. J’ai moi-même vu sur internet des photos de soupe de chauve-souris à vous soulever le cœur ; sur ces photos, ces animaux ont une apparence hideuse, et c’est alors que j’ai appris que les chauves-souris peuvent être porteuses de plus de cent sortes de virus de haute toxicité, extrêmement dangereux, comme ceux de l’Ebola, de la rage et du SRAS. Bien sûr, hormis les chauves-souris, il y a aussi des animaux sauvages comme les ratons laveurs ou les castors qui sont également porteurs de virus en nombre plus ou moins grand, mais tous extrêmement toxiques. Il y a une phrase qui me semble très juste : « Les anciens ont mis plusieurs milliers d’années à élever en captivité des animaux que l’on puisse manger, faut-il aujourd’hui courir le risque de mettre sa vie en danger ? » Si le virus s’est propagé de Wuhan à toute la Chine, et de là au monde entier, on le doit maintenant à tous ces amateurs de gibier. Ainsi, les jours de fête que l’on attendait n’ont-ils pas été célébrés dans l’ambiance voulue.
Depuis la découverte du premier cas de pneumonie due au nouveau coronavirus, je vais tous les jours sur Weibo1 à la recherche fiévreuse des dernières nouvelles ; d’abord, il y a toujours quelques articles en premier, du genre : « Coronavirus – nouveaux cas dans la ville de… » ou « La carte actualisée de l’épidémie ». Mais on trouve aussi de temps en temps : « Le premier malade guéri est sorti de l’hôpital » ou « Premier décès d’un malade du coronavirus à… ». Les statistiques des cas diagnostiqués sont de jour en jour plus effrayantes, et parallèlement j’ai le moral qui baisse chaque jour un peu plus.
Pendant ces vacances d’hiver, en partant du comportement des consommateurs de gibier, j’ai compris les goûts pervers de certains ; en voyant les gens contaminés et les résidents de Wuhan en général fuir la ville avant l’imposition de la quarantaine sans se préoccuper des conséquences, j’ai mesuré tout ce qu’il y a de mauvais dans la nature humaine ; en constatant le comportement des autorités de Wuhan qui ont ignoré, et ont même tout fait pour dissimuler la réalité de l’épidémie, en organisant même des réunions, j’ai découvert le mépris des hauts dirigeants pour la réalité sociale des souffrances du peuple ; en même temps, en apprenant la réactivité des autorités provinciales du Henan et la rapidité de leur propre réponse à la crise, j’ai aussi compris que, parfois, les différences d’un homme à l’autre ne sont pas d’ordre objectif, mais dépendent de la nature propre à chacun.
Le pays est en train de se renforcer. Selon un ancien dicton, « Ceux qui survivent à une catastrophe sont bénis des cieux ». Je suis convaincue que le peuple chinois tout entier va unir ses forces pour lutter de concert contre le nouveau coronavirus et tout mettre en œuvre pour avoir une vie heureuse.
Écrit par la collégienne Zhang Hong et publié le 17 février 2020.
La Revanche des Animaux
DANS LE PASSÉ, pour survivre, l’espèce humaine n’avait d’autre ressource que de manger les animaux sauvages qu’elle avait chassés. Mais, pour éviter qu’ils ne s’enfuient de tous côtés, les hommes ont dû les enfermer dans de grandes cages, avec une cruauté sans égale. Mais les animaux sont porteurs de milliers de virus de toutes sortes et quand l’homme les mange, les animaux lui transmettent ces virus. L’homme ensuite le transmet à l’homme, et finalement il y en a beaucoup qui succombent. Cela leur fait très peur, mais ils ne se repentent pas pour autant.
Voyez par exemple ce nouveau coronavirus apparu au début de 2020 ; c’est la maladie contagieuse la plus grave que l’on ait connue, beaucoup de gens ont dû rester chez eux sans sortir, sans pouvoir aller à l’école, sans pouvoir voyager, c’est vraiment un désastre. Or, à l’origine, ce virus vient bien sûr d’animaux sauvages. Depuis le début, il a atteint des centaines de milliers de personnes à Wuhan, puis il s’est propagé dans le monde entier.
Au début de l’année 2020, les animaux sauvages ont pris leur revanche sur les hommes : ils les ont enfermés dans des cages comme celles qui étaient les leurs jusque-là. Les hommes ont été pris de panique. Fort heureusement, d’adorables « anges en blouse blanche » se sont dépensés sans compter et ont sauvé l’humanité. Alors je veux leur crier : « Merci de votre contribution, grâce à vous le monde a de la beauté à revendre. Courage Wuhan !!! Courage la Chine !!! »
Il me reste à m’adresser aux chasseurs : « Ne continuez pas s’il vous plaît à chasser les animaux sauvages. Nous vivons aujourd’hui dans une société civilisée, nous devons vivre en bonne entente avec les animaux sauvages et construire avec eux une belle demeure où vivre en harmonie ! »
Écrit par l’écolière Du Sibing, 12 ans.
La Maison des anges
MON LEGO MERVEILLEUX, vraiment, a bien changé,
Délicatement soigné, il s’est fait maison d’anges de toute beauté.
Je vais y arroser l’herbe et les fleurs assoiffées,
Balayer la poussière des mille couleurs du plancher.
Vénéré professeur Zhong Nanshan2, êtes-vous fatigué ?
Venez donc dans ma belle maison d’anges en ce cas !
Je vous servirai des galettes dorées et du thé parfumé,
Et vous pourrez paisiblement sous le parasol faire la sieste un moment !
Chers anges en blouses blanches,
Il n’est pas aisé de soigner tous ces patients !
Alors je vous invite dans ma demeure d’anges,
Vous pourrez sans crainte enlever masques et lunettes
Retirer vos tenues protectrices
Et humant sans restreinte le merveilleux parfum des fleurs
Dans la plus grande quiétude vous reposer un bref instant.
Et vous mon oncle, plongé dans vos lectures
Isolé sur votre lit d’hôpital3, comment vous sentez-vous ?
Je vous souhaite de bien vite guérir.
Et si cela vous dit, venez donc dans ma demeure d’anges !
Je vous préparerai un bon café pour lire vos auteurs préférés.
Pas de virus, l’arôme des livres seul sera présent à nos côtés.
Et vous, pauvres petits animaux abandonnés du quartier,
Vous avez faim ? vous avez soif ? vous avez peur ?
Je vous invite chez moi, dans ma demeure d’anges,
Vous trouverez ici de quoi manger à satiété,
De l’eau douce et des édredons bien douillets,
Il y a même les jouets que vous préférez,
On pourra ensemble joyeusement s’amuser.
Je voudrais vraiment être une magicienne
Pouvoir de quelque enchantement
Transformer ce jeu de construction
En une vraie maison d’anges de toute beauté !
Écrit par Wang Di, 12 ans, élève de l’école expérimentale n° 2 du district de Changping, à Pékin (5ème année).
Histoire de pangolins
LE CONFINEMENT AURA DURÉ trois mois, mais il va bientôt se terminer. Pendant ce temps-là, j’ai fait tous les matins mes devoirs par internet. Ce que j’ai préféré, ce sont les cours d’art plastique pour apprendre à faire des papiers découpés pour décorer les fenêtres. Ce sont des papiers découpés que l’on colle sur les vitres. On prend une feuille de papier rouge ordinaire, on la plie et on la découpe, et on peut en faire de jolies décorations de toutes sortes de formes. L’après-midi, j’ai fait de la gymnastique à l’intérieur et, à d’autres moments, j’ai appris à faire la cuisine. J’ai appris à faire un plat délicieux – du poulet mariné Nouvelle-Orléans au riz sauté. Mais j’ai aussi regardé la télévision pour me détendre.
Ce qui m’a le plus frappée, c’est un documentaire sur les pangolins. Ces animaux peuvent en un rien de temps creuser un trou dans la montagne et s’en faire un terrier. Comme le pangolin a des écailles très dures, une carapace comme une armure, en chinois on l’appelle « L’armure traversant les montagnes ». Dans le film, on voyait l’un de ces animaux qui était mort dans un incendie : même une fois mort, il était impossible de redresser son corps roulé en boule. C’est alors qu’on a remarqué que c’était une maman qui était en fait repliée sur un bébé pangolin. Elle était morte pour le protéger. Et le bébé était toujours vivant. En voyant cela, j’ai été émue aux larmes.
Aujourd’hui, pourtant, ces animaux adorables sont en danger d’extinction. Le documentaire était intitulé Les pangolins, des animaux trop souvent victimes des chasseurs. Certains croient que leurs écailles ont des propriétés médicinales, et que leur chair peut se manger. Quelque cent mille pangolins sont donc tués chaque année. Mais on a commencé à les protéger. Ainsi une femme nommée Mary4 a sauvé le petit pangolin, qu’elle a appelé Baobao (Honey) ; elle l’a ramené chez elle pour le nourrir, puis, une fois grand, elle l’a relâché loin dans la montagne, hors d’atteinte des chasseurs.
Cela fait longtemps que nous encourageons la protection des animaux sauvages, mais il y a toujours des amateurs qui raffolent de leur chair. Or, il est fort possible que les pangolins aient été les hôtes intermédiaires qui ont favorisé le développement du nouveau coronavirus que nous avons connu en 2020. À cause de ce virus, mes parents ne peuvent pas aller travailler, et nous, les enfants, nous ne pouvons pas aller à l’école, ni sortir nous amuser un peu. Ce virus a fait d’innombrables victimes en Chine et dans le monde entier.
La protection des animaux sauvages est notre responsabilité, et j’ai envie de dire à tous ces prédateurs qui les chassent : « Ne faites pas de mal aux animaux sauvages, protégeons-les ensemble ! »
Écrit par l’écolière Song Jiani, 12 ans, née l’année du rat, de l’école primaire du district Shuangta dans la ville de Chaoyang, province du Liaoning.
ZHANG HONG, DU SIBING, WANG DI et SONG JIANI sont les autrices des quatre textes ci-dessus, traduits du chinois (Chine) par BRIGITTE DUZAN. Première publication in Chinese Short Stories (mars-avril 2020).
1. Plateforme de microblogging chinois devenue réseau social n°1 en Chine.
Photographie © Song Jiani.